Rétrospective : Un adieu à « Ave »
Après huit ans, Henrique "Ave" Avancini quitte Cannondale Factory Racing. Michele Mondini, photographe de longue date de l’équipe CFR, se rappelle les moments passés avec Ave, des deux côtés de l'appareil photo, au cours de leurs nombreuses saisons ensemble.
Chaque fois qu’on me confie un travail, je me prépare à tirer le meilleur parti de cette nouvelle expérience. Même si ce n’est pas un travail facile, j’ai appris que la passion, l’ouverture d’esprit et l’engagement peuvent faire une énorme différence dans le résultat final. Lorsque j’ai reçu l'appel du siège social de Cannondale me demandant un récapitulatif de la vie d'Avancini avec l'équipe CFR, à peine avais-je commencé de fouiller dans mes archives photo que j’ai réalisé que ça n’allait pas être chose facile.
J'ai commencé ma recherche de photos à la saison 2017. Je ne sais pas pourquoi, mais dans mon esprit, cette année marqua un tournant décisif dans la carrière de Henrique.
Cette saison commença par quelques changements dans la composition de l'équipe et Avancini – ou “Ave” – a eu la possibilité de révéler sa personnalité. Avec son idole (et coéquipier) Manuel Fumic, il montra des signes de son avenir, en remportant plusieurs étapes de l’Absa Cape Epic en Afrique du Sud, en endossant le maillot du leader et en finissant cinquième au classement général.
Les bons résultats en Afrique du Sud le convainquirent probablement de la possibilité de décrocher le maillot arc-en-ciel du marathon de Singen, mais il termina loin du podium. Pendant le reste de l'année, il obtint de solides résultats au Brésil, mais il lui manquait encore quelque chose pour émerger dans le top 20.
Mais il serait peut-être préférable de commencer l'histoire par le début. J'ai commencé mon aventure de photographe vers 2009, mais les premiers gros travaux arrivèrent quelques années plus tard. L'un de mes rêves était de voyager dans le monde entier en prenant des photos des meilleurs riders sur le circuit. Ma première fois en Afrique du Sud fut le Championnat du monde de Pietermaritzburg en 2013. C'est la première fois que j'ai vu notre superstar brésilienne rouler pour une marque nationale.
Ave et moi avons tous les deux participé à la Cape Epic en Afrique du Sud pour la première fois en 2016. Mes connaissances en anglais étaient médiocres, et les deux seules personnes avec qui je pouvais parler étaient le mécanicien Giacomo et Henrique, qui parlait aussi couramment l'italien. Ce voyage nous a permis de construire une relation solide.
Je suppose que personne ne s'attendait à ce que CFR soit en mesure de décrocher le maillot du leader sur la sauvage Cape Epic. Je pense encore qu’un tel résultat fut la conséquence du bon temps que nous avons eu ensemble sur le terrain.
Le « Président » était frustré de manquer assez souvent l’objectif, et il investissait de plus en plus de temps dans l’entraînement. Au cours d'un long voyage vers une épreuve de Coupe du monde en 2017, je me souviens encore que nous avons eu une discussion sur cette situation. J’ai fini par dire quelque chose comme : « Fais attention à ne pas relâcher ton attention ; garde à l’esprit que pour monter, tu dois d’abord toucher le fond ». Bien sûr, ce n'est pas mon discours qui changea la situation, mais à la coupe du monde de Cairns, les trois « lions » de CFR ne manquèrent le podium que de quelques secondes.
Ce grand moment à la fin de la saison 2016 a donné à Ave la motivation de travailler dur pendant la courte saison d'hiver. En décembre, nous étions déjà ensemble en Afrique du Sud pour préparer les athlètes à la course et à la chaleur.
La frustration cède la place aux sourires. Henrique commença la saison 2017 avec une énergie renouvelée. Le camp d'entraînement en Afrique du Sud se traduisit par plusieurs arrivées dans les dix premières places, l'équipe CFR revendiquant le titre de l'équipe la plus rapide. En conséquence, l’intérêt de la foule pour CFR prit de l’ampleur.
Au début, personne ne comprit vraiment l'impact de cette course sur le week-end. Les équipes étaient quelque peu sceptiques quant à cette ouverture du week-end de course. Mais les tactiques deviennent claires après quelques événements et, à Vallnord, Avancini remporte sa première victoire dans un événement de coupe du monde."
La difficulté de cette course, avec les descentes techniques sur les singletracks des Dolomites, joue un rôle crucial dans le résultat de la saison."
"Lorsque ma recherche atteignit le dossier 2019, je dû reprendre mon souffle. Dans une saison de course comme celle-ci, il est vraiment difficile de choisir quoi sélectionner et quoi écarter.
Celui qui dit qu’une nouvelle énergie et que les bonnes vibrations créent un tourbillon positif a raison. Chaque personne impliquée dans la vie de l’équipe de CFR se sentait fière des résultats globaux, et tout le monde travaillait dur pour fournir le meilleur."
"2020 était censé être la suite de la saison précédente, mais la pandémie rebâtit les cartes et frappa tout le monde durement. Nous étions en Afrique du Sud quand nous entendirent les premières nouvelles confuses sur le coronavirus. L’Europe était dans une panique, mais dans notre bulle, notre routine habituelle n’était pas si différente. Après deux séances de camp d'entraînement en Afrique du Sud et l'aventure rapide de Tankwa Trek, nous étions prêts à affronter une autre Cape Epic. Ce devait être une course particulière, marquée par la prochaine retraite de Manuel Fumic comme rider professionnel.
Les choses changèrent soudainement et nous dûmes rentrer chez nous aussi rapidement que possible alors que l'Europe commençait à se confiner.
Le rêve devait patienter jusqu'en octobre, mais en fin de compte, il n’est pas réalisé."
"Après l’énorme victoire en Coupe du monde XCO à Nove Mesto, les choses se sont compliquées pour Avancini.
En 2021, les voyages étaient encore difficiles et pendant quelques mois il ne pouvait même pas aller en Europe.
Sa motivation fut durement affectée et il dut beaucoup s'investir pour rester au sommet du classement UCI."
À cette occasion, le « Président » a pris les bonnes décisions et, avec l’annonce du calendrier de la coupe du monde 2022, nous avons eu la confirmation qu’un autre objectif était atteint."
Je suis tout à fait sûr que ce week-end a changé l'esprit de beaucoup de gens !"
Il n’y a pas grand-chose à ajouter. Peut-être que tout le monde à Cannondale et CFR se sent tellement chanceux d'avoir partagé énormément de temps ensemble au cours des neuf dernières années de la carrière de Henrique.
J'ai eu la chance d’établir des liens directs avec lui, et j'ai appris de lui que les rêves peuvent devenir réalité."